Egalité des sexes : où sont les limites ?

 
juin 13 2013
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Au risque de se prendre son cocktail dans la figure, il n'est pas évident en Allemagne de "brancher" à la française sa ravissante voisine de tabouret au bar :  offrir un verre ou  tenir la porte à une dame peut valoir le commentaire suivant, énoncé avec plus au moins d'agressivité : " je suis capable de faire ça moi-même" !
Et oui, nos voisins nordiques se prévalent d'une parfaite émancipation de la femme et de son égalité - nous ne nous attarderons pas sur ce terme extrêmement discriminatoire "d'égalité". Il est bien révolu le temps où la pionnière en la matière, Olympe de Gouges, s'est vu ignorer au XVIII éme siécle pour sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, excellent pastiche de son homonyme masculin. Maintenant les femmes gagnent du terrain au quotidien et remportent de nombreux combats, jusque dans l'usage des genres ! En temoigne cette remarquable victoire de la gent féminine à l'université de Leipzig, qui impose à tout le corps enseignant une triomphale féminité.

Egalité homme femme ?

"Monsieur la Professeure"

Cela peut faire sourire mais depuis Mercredi la publication dans le Tagesspiel.de rend la chose officielle, les hommes deviendront eux aussi des professeures.

C'est un enseignant de physique - cela viendrait-il conforter l'idée que les scientifiques ne s'attachent definitivement qu'aux choses essentielles ? - qui a poussé à trancher : fin est mise ainsi aux discussions éternelles sur la prédominance masculine dans les genres et aux sempiternels débats sur leur pertinence.

Les réactions sont diverses. A Berlin par exemple, Madame Koreuber, représentante des femmes à l'Université, souligne que la féminisation de genres dans les appellations peut conduire à une réflexion sociétale plus profonde sur ce que la langue doit refléter. Féminiser les mots reviendrait à reconnaître et à asseoir l'existence de la femme au quotidien et en tout cas sa préeminence chiffrée : si la majorité doit l'emporter, alors le mot "étudiantes" doit être utilisé car elles sont plus nombreuses à s'asseoir sur les bancs des amphi.

Et au quotidien ?

La décision de féminiser les fonctions ne semble concerner que des textes officiels. Courrier, email, correspondance en général ne mettra pas l'accent sur cette féminité obligatoire et les messieurs pourront encore jouir du titre de "professeur". Les étudiants de leur côté pourront toujours adresser un "Herr" courtois à leurs enseignants.
Cela n'empêche en rien la violence des réactions : une page Facebook incite Beate Schücking, présidente de l'Université de Leipzig, à demissionner. Mais au delà du débat sur le départ forcé de Madame Schücking, la lecture des commentairs sur Facebook fait ressortir une réalité bien plus dure et des prises de position pour le moins agressives. On peut y lire par exemple ces propos qui soulignent que si discrimination il y a, elle va beaucoup plus en faveur de la gente masculine, dépossédée de ses droits et bafouée  même juridiquement puisque quelques millions d'Euros auraient été recemment débloqués pour assurer aux femmes des postes à leur intention. On peut alors se demander, à juste titre, si les nouveaux "monsieur la professeure" y auront aussi accés :)
Certains linguistes adoptent même une attitude lénifiante en  poussant la conscience jusqu'à envisager de " neutraliser", rendre neutres, les noms pour éviter ainsi toute prise de position avec les tensions qu'elle genére !

Les droits de la femme s'appliquent aux hommes

Le débat fait donc rage dans des termes parfois vraiment insultants pour ces "dérangées mentales" qui poussent vraiment à se demander si cette "emancipation grammaticale" ne "deterre" pas une häche de guerre, celle des sexes, qui n'a pas ou plus lieu d'être. Une université se décrit par l'excellence de son corps professoral, par la qualité de ses chercheurs quel que soit leur sexe : n'est-il pas consternant de constater que si recherche il y a, elle se focalise sur des sujets sans intérêt et que ses membres se font connaître par ces combats stériles ?

Que faut-il penser de ces actions ? Contrairement à l'intention première qui serait donc bien de faire évoluer les mentalités dans le bon sens par une équité, déjà parlons plutôt de ce concept, plutôt que de celui d'égalité, des statuts, on voit bien que le résultat n'est pour l'instant pas concluant. Ce n'est pas en changeant les mots que l'idée va disparaître et que les femmes seront mieux reconnues, comme le souligne un des participants sur la page Facebook déjà évoquée.
Un malaise est tangible dans la société où  chacun a peine à trouver sa place mais n'est pas capable d'envisager que chaque sexe a ses specificités et ne doit singer l'autre : voyez au Japon ces jeunes gens qui se vêtent comme des filles pour séduire ou tout simplement pour lse libérer d'un carcan sociétal.

La langue, pour Heidegger,  était la "maison de l'Etre", un mot neutre en allemand, elle soutient la description du paraître aujourd'hui, elle devient celle de "l'illusion d'un progrés masqué" comme le dit monsieur Kissler.
Entre serieux et ridicule !

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